76- DERMANE Mohamed Sani Zakari
Né le 1er décembre 1993 à Agoènyivé, cette banlieue de Lomé située dans la Préfecture du Golfe, tailleur-brodeur et commerçant, DERMANE Mohamed Sani Zakari a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » à Lomé, le 26 janvier 2020.
Ce 26 janvier 2020, il était au quartier Agoè-Zongo Herman, au domicile de son ami BATCHA Laminou, en train de manger à table ensemble avec sa femme et lui, lorsqu’ils entendent brusquement un bruit très fort à l’extérieur suivi du cri de l’un des enfants de BATCHA Laminou qui s’amusait dans la cour de la maison. Alors que son ami sortait pour aller voir ce qui se passe, ils entendent à nouveau l’enfant crier que ce sont des militaires.
Et, lorsque son ami arrive à leur rencontre, il voit ces « militaires », en réalité des policiers du Groupe d’intervention de la Police nationale (GIPN) qui, tous bien armés, masqués et dans leur tenue noire, se jettent immédiatement sur lui et il crie pour appeler au secours.
C’est alors que DERMANE Mohamed Sani Zakari sort à son tour du séjour pour voir ce qui se passe et, ayant vu que ce sont bien des agents des forces de l’ordre qui sont à l’œuvre, il tente de prendre la fuite en sautant par-dessus le mur de la maison pour s’échapper en courant mais se fait poursuivre par les agents qui lui tirent des grenades lacrymogènes dans les pieds jusqu’à ce qu’il tombe. Il se fait ainsi prendre alors qu’il était environ 13H.
Ils commencent immédiatement à le frapper en tout en lui demandant : « Où sont les autres et les armes ? » et il leur répond qu’il ne sait pas ce qu’on lui reproche, de le laisser.
Ils lui demandent ensuite ce qu’il était parti chercher au quartier Agoè-Allainka et il répond qu’ils étaient allés saluer leur frère et ils lui rétorquent que c’est faux tout en continuant à le frapper sauvagement, le traînant vers la maison d’où il a pris la fuite et où il était ensemble avec son ami BATCHA Laminou. Arrivés devant la maison, ils les enlèvent tous deux, les jettent dans la voiture Pajero aux vitres fumées dans laquelle ils sont venus et où ils les encadrent puis démarrent, suivis par d’autres voitures de Police sur lesquelles est écrit « GIPN », jusqu’au Camp GIPN d’Agoè-Logopé.
Arrivés sur place, DERMANE Mohamed Sani Zakari est extrait du véhicule et conduit, seul, pour être isolé dans une pièce où il est soumis à un interrogatoire qui commence d’abord par une politique de la carotte tentant de l’amadouer en lui faisant croire que, s’il dit la vérité sur tout ce qu’il sait concernant l’Affaire Tigre Révolution, il va être libéré.
Lorsqu’il répond qu’il n’a aucune information à donner à ce sujet, les policiers du GIPN se fâchent et passent alors à la politique du bâton, l’attachant en le suspendant en l’air par les pieds pour le frapper sauvagement jusqu’à ce qu’il n’arrive plus à respirer et finisse par s’évanouir.
Lorsqu’il reprend connaissance, de l’endroit où il se trouve, il entend à ce moment-là les cris que son ami BATCHA Laminou pousse sous la torture et les policiers du GIPN lui disent que ces cris de son ami doivent lui faire comprendre que c’en est déjà fini pour lui. Puis, ils ajoutent, quant à ce qui le concerne, que s’il ne dit pas la vérité, ils vont le tuer, alors qu’ils recommencent à le tabasser jusqu’à ce qu’il s’évanouisse à nouveau. Ce n’est qu’alors qu’on le détache pour le jeter par terre, attaché par les mains dans le dos.
Quelques minutes après, son ami BATCHA Laminou est amené à son tour pour être déposé à côté de lui et tous deux sont entourés par les policiers du GIPN qui, pour certains, les frappent sauvagement sur la plante des pieds pendant que d’autres les chicotent avec des cordelettes. A la fin de la bastonnade, ils sont enfermés dans une petite cellule sombre, leurs têtes couvertes et enserrées par des cagoules en tissu noir, cela, pendant plusieurs jours sans qu’on ne leur donne à manger ni à boire.
Depuis le jour où il a été enlevé et, sauvagement frappé, est tombé évanoui à plusieurs reprises, DERMANE Mohamed Sani Zakari n’arrive plus à bien voir, ses yeux lui faisant mal et il se sent très mal dans tout son corps et souffre actuellement d’ulcère et d’hémorroïdes, maladies qu’il a contractées en détention.
Le 7 février 2020, avec son ami BATCHA Laminou, DERMANE Mohamed Sani Zakari est conduit à la Justice où, présenté au Procureur de la République et au Juge d’instruction, ceux-ci, après les avoir auditionnés, décident de les inculper tous deux. Mais, contrairement à la pratique courante consistant à placer les détenus inculpés sous mandat de dépôt à la Prison civile de Lomé, ils les font retourner en détention au Camp GIPN d’Agoè-Logopé où on continue à les torturer.
Ce n’est finalement qu’au bout de 9 mois qu’ils ont passés au total dans ce Camp qu’ils sont ramenés à la Prison civile de Lomé où ils sont toujours présentement détenus.
Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 77 autres prisonniers politiques détenus dans l’Affaire « Tigre Révolution », DERMANE Mohamed Sani Zakari doit être libéré immédiatement et sans condition, comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.