PYRAMIDE - LA SOLUTION À LA CRISE CINQUANTENAIRE DU TOGO

KPOGO Yao Laurent

Arrêté le vendredi 7 juin 2013 Libéré

102- KPOGO Yao Laurent

Menuisier, militant de l’ANC, Yao Laurent KPOGO a été arrêté le vendredi 7 juin 2013 à Lomé, à l’occasion de la sauvage répression d’une marche pacifique appelée par le CST et la Coalition Arc-en-Ciel pour protester, d’une part, contre les arrestations et détentions de responsables et militants de l’opposition dont Abass KABOUA, Olivier AMAH et MANTI, tous arrêtés à l’occasion de l’affaire des incendies criminels des Grands Marchés de Lomé et de Kara. Cette marche pacifique avait, d’autre part, pour objectif d’exiger un dialogue politique avant la tenue des élections législatives envisagées pour cette année 2013.

Mais, étouffée sans ménagement par les forces de l’ordre déployées en grand nombre pour en paralyser la tenue, la marche pacifique devait converger à partir de 6 points de départ en passant sur les principales artères de la capitale jusqu’au point de chute programmé au Palais de Justice de Lomé.

Dans un contexte politique marqué par de forts mécontentements chez les étudiants, les femmes de marchés victimes des incendies criminels de leurs Grands Marchés et une vive tension politique autour de l’organisation d’un processus électoral fortement contesté, bien que très attendu, le pouvoir politique avait peur du succès qu’annonçait d’avance la tenue de cette manifestation.

Surtout qu’après le retentissant succès de précédentes marches pacifiques, les interdictions illégales de deux
marches suivantes ont consacré, coup sur coup, une totale forfaiture des autorités togolaises. 

D’abord, lorsque les ministres de l’Administration territoriale, Gilbert BAWARA, et de la Sécurité, Damehane YARK, alors colonel, ont conjointement décrété une première interdiction.

Ensuite, lorsqu’une nouvelle interdiction, désormais générale et permanente, a été décrétée en toute illégalité
pour toute manifestation dans toute la ville de Lomé par le Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé, le Contre-amiral Fogan ADEGNON.

Face à cette situation, les organisateurs décident de braver ces interdictions en raison de leur caractère illégal, et le pouvoir réplique par des mesures propres à réprimer le plus brutalement possible l’expression de cette désobéissance civile, se préparant à « donner une leçon » aux partis d’opposition pour les dissuader à l’avenir de toute velléité d’organiser quelque marche pacifique que ce soit.

C’est ainsi que Laurent KPOGO a été arrêté par les forces de l’ordre lors de la violente dispersion des manifestants qui se sont présentés aux points de rassemblement pour le départ de cette marche pacifique maintenue.

Signe particulièrement révélateur de l’ampleur des mesures décrétées pour la sévérité de la répression de cette marche, à l’illégalité de son interdiction scélérate, les autorités ont ajouté d’autres consignes illégales manifestement données aux forces de l’ordre puisque ces dernières ont été jusqu’à violer les domiciles privés en escaladant les clôtures des maisons pour aller y opérer des arrestations de manifestants.

Conduit après son arrestation à la Direction générale de la Police nationale (Sûreté) et ensuite au SRI d’alors, Laurent KPOGO est ensuite déféré à la Prison civile de Lomé le lendemain, 8 juin 2013, sous l’incroyable chef d’accusation d’homicide volontaire d’un agent des forces de l’ordre, ce qu’il n’a cessé de nier catégoriquement car la personne qu’il aurait supposément agressé et qu’il n’a jamais vu est toujours vivante.

Finalement jugé par la Cour d’assise le vendredi 16 juillet 2021 au terme d’une longue saga judiciaire, il est arbitrairement condamné à une peine de 10 ans de prison ferme.

Yao Laurent KPOGO, arbitrairement arrêté et maintenu en détention depuis 9 ans pour sa participation à une marche pacifique ayant fait l’objet d’une interdiction scélérate doit être libéré immédiatement et sans condition au nom du respect des droits et libertés démocratiques, dont le droit de manifestation, arrachés de haute lutte par le peuple togolais depuis le soulèvement populaire du 5 octobre 1990.