104-ADADE Henri
Né le 4 août 1979, marié et père de 3 enfants, militant de l’UDS-Togo dont il est chargé de la sécurité, ADADE Henri a été arrêté au quartier Gbossimé, à Lomé, le 6 décembre 2018, à l’occasion d’une caravane de la Coalition C14 qui manifestait contre la tenue des élections législatives annoncées pour le 20 décembre 2018 et qu’elle avait appelée à boycotter sous le mot d’ordre : « Sans réformes, pas d’élections ! ».
Après son arrestation, il est conduit au Service de renseignements et d’investigations (SRI) de la Gendarmerie nationale d’alors où il a été sauvagement tabassé.
Le 9 décembre, les gendarmes exigent de lui qu’il les conduise à son domicile qu’ils soumettent à une fouille en règle, jusque dans sa chambre, sans rien trouver de compromettant qui puisse être retenu contre lui.
Au retour de ce transport à domicile, il se voit remettre un coupe-coupe par les gendarmes qui lui imposent, comme corvée de sarcler leur cour et il s’exécute.
Après quoi, on l’autorise à aller se laver en vue d’une libération prochaine, rien de grave n’ayant finalement été trouvé à retenir contre lui.
Mais, au retour de la douche, lorsqu’il se présente pour récupérer l’argent qu’il avait sur lui et que les gendarmes gardaient, pour ensuite signer les papiers administratifs en vue de la libération qu’on lui avait déjà annoncée, l’un des gendarmes, par méchanceté gratuite, lui fait savoir qu’il ne peut en aucun cas être libéré.
Il lui fait alors toute une histoire auprès de ses collègues au motif qu’ayant fouillé son téléphone portable, il y a découvert des images et messages relatifs aux marches pacifiques auxquels il a participées en les encadrant. Reprochant alors à ADADE Henri d’en avoir assuré la sécurité, et d’avoir organisé les groupes de
manifestants en leur relayant des messages permettant d’échapper aux forces de l’ordre, il impose désormais à ses collègues de refuser sa libération qu’ils envisagent.
Et, après avoir déclaré au prévenu qu’il va tout mettre en œuvre pour qu’il soit accablé de charges pouvant le faire condamner à 6 ans de prison ainsi qu’à toutes autres sortes de galères, il se met à dresser le procès-verbal susceptible de le faire condamner.
On était alors le dimanche 9 décembre et, dès le lendemain, lundi 10 décembre, la machine infernale pour le traîner devant la justice togolaise est mise en branle, les gendarmes ayant emmené dans un cyber-café son téléphone pour en extraire et faire imprimer les images des marches pacifiques antérieurement capturées qu’ils adjoignent au
procès-verbal pour l’accabler davantage.
C’est ainsi qu’au 5 e jour de sa garde à vue, il se voit conduire à la Justice togolaise où, présenté au Procureur de la République et au Juge d’instruction, ceux-ci le défèrent à la Prison civile de Lomé.
A son arrivée dans cette prison, il urinait du sang du fait des tortures qu’il a subies lors de sa garde à vue et a dû se faire soigner pour que cela cesse.
Après avoir été extrait par deux fois pour être jugé sans que son affaire ait été retenue, il comparait enfin à l’audience
correctionnelle du 31 décembre 2018 avec un groupe de personnes arrêtées à l’occasion de la répression de la marche pacifique organisée par la C14 sans pouvoir bénéficier de l’assistance d’un avocat.
Au procès, 60 mois d’emprisonnement sont d’abord requis contre lui mais, ayant plaidé la clémence de la Cour, ADADE Henri est finalement condamné arbitrairement pour « troubles aggravés à l’ordre public » à 48 mois d’emprisonnement fermes, soit 4 ans, devant purger sa peine jusqu’au 9 décembre 2022.
Au 10 décembre 2021, ADADE Henri, arbitrairement arrêté et injustement maintenu en détention, aura déjà purgé trois pleines années de détention pour sa participation à une marche pacifique ayant fait l’objet d’une interdiction scélérate, alors qu’il aurait dû être libéré comme l’ont été d’autres détenus emprisonnés dans la même période que lui pour cause de manifestation, en application de la feuille de route adoptée par la CEDEAO.
C’est pourquoi, il doit être libéré immédiatement et sans condition par respect de cet accord politique qui, conclu dans le cadre du dialogue politique organisé sous l’égide des chefs d’Etat des pays membres de la CEDEAO entre le pouvoir togolais et la Coalition C14, a prescrit comme mesure d’apaisement la libération de tous les manifestants arrêtés dans le contexte de la crise sociopolitique ouverte depuis le 19 août 2017.