53- AGRIGNA Rachid
Né le 21 octobre 1995 à Alédjo-Kadara, célibataire sans enfant, AGRIGNA Rachid a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » le 10 décembre 2019, dans les environs de l’Entreprise de l’union à Lomé, alors qu’il conduisait sa moto tricycle avec laquelle il survit en se débrouillant pour exercer le métier de taxi-moto avec son frère Inoussa Fousseni.
Alors qu’il conduisait sa moto lors d’une course qu’il faisait avec son frère, des agents en civil, à bord d’une voiture, leur barrent subitement la route, descendent tous du véhicule en braquant des armes sur lui en demandant si c’est comme ça qu’on conduit, alors qu’apparemment il n’avait fait aucune faute de conduite.
Procédant aussitôt à leur arrestation, ils les embarquent dans leur voiture qui prend la direction du Camp GIPN d’Agoè-Logopé.
A leur arrivée au Camp, les agents les font entrer dans un bureau où ils les frappent copieusement, à coups de gifles, de manches de daba, de cordelettes sous les plats du pied qui ont été tellement tapés qu’ils n’arrivaient même plus à se tenir debout correctement.
Puis, ils lui posent la question de savoir si, dans la nuit du 22 au 23 novembre 2019, il était sorti pour manifester contre les soldats et il leur répond qu’il n’a jamais participé aux manifestations faites dans la journée donc il ne voit pas pourquoi il va participer à celles qui ont lieu la nuit. C’est alors qu’il est conduit dans une cellule sans aération ni lumière où on l’enferme trois
jours durant avant de le ressortir pour lui poser d’autres questions.
Cette fois-ci, on lui demande qui s’appelle Taïger ? Il répond qu’il ne le connait pas.
Et le groupe Whatsapp Tigre Révolution, est-il dedans ou pas ? On le torturait tellement en lui posant toutes ces questions qu’il a dû finir par accepter pour avoir un peu de souffle, ce après quoi, une fois encore, on le ramène à sa cellule.
Il passe ainsi 7 jours avec son frère, ayant droit comme repas à un plat par jour, pris à 16H et, cela, jusqu’au lendemain à la même heure : 16H où on les autorise à s’acheter à nouveau de la nourriture par leurs propres moyens avec l’obligation de ne pas dépenser plus de 200 francs par jour.
Pendant tout ce temps, ils n’ont aucune nouvelle de leurs familles, ne sont pas autorisés à maintenir un minimum d’hygiène corporelle comme se brosser les dents ni faire leur toilette. C’était vraiment une autre vie qu’ils n’ont jamais vu de toute leur existence.
C’est après avoir vécu tout cela qu’ils sont ont été présentés au Procureur de la République après un détour au Service d’identité judiciaire de la Sûreté Nationale où on a pris leurs empreintes digitales et photos, avant de les conduire ensuite chez le Juge d’instruction de la première instance. A son tour, ce dernier lui demande s’il reconnait les faits qui lui sont reprochés et il accepte
bien malgré lui de peur qu’on ne le frappe à nouveau alors qu’il est innocent de toute cette affaire dite Taïger.
C’est suite à cette réponse que ce juge décide de le déposer à la Prison civile de Lomé pour la poursuite des enquêtes à son sujet.
Après 6 mois de détention à la Prison civile de Lomé, il est transféré à l’ancienne direction de la Gendarmerie Nationale en face de la BIDC et de la BOAD où, enfermé dans une mini villa avec 72 autres détenus qui vivent continuellement dans le noir, sans avoir de contact avec l’espace extérieur ni voir le soleil au quotidien, ils ne sont autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en
cas de maladie pour être conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital.
Alors qu’il vit ainsi enfermé sans recevoir de visite de sa famille, il va boucler bientôt 2 ans de détention sans jugement ni procès.
Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 76 autres prisonniers politiques détenus dans l’Affaire « Tigre Révolution », AGRIGNA Rachid doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.