39- ALASSANI Moutala
Né en 1986, père de 3 enfants, vulcanisateur de profession, ALASSANI Moutala a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » le 29 novembre 2019, dans son atelier au quartier Djidjolé, à Lomé.
Une arrestation suite à laquelle il a vécu un calvaire comme celui vécu par son autre codétenu dont le journal LE RENDEZ-VOUS relate l’odyssée dans son N° 353 du 06 novembre 2020 dans les termes suivants :
« quand ils m’ont pris, ils m’ont amené au camps GP comme beaucoup d’autres, ils nous prennent à différents endroits mais on connaît les mêmes traitements.
Ils m’amènent dans la salle d’audition menotté et jeté par terre. Un commandant vient et me fait approcher de la table autour de laquelle il y avait 4 autres chaises et ils m’interrogent.
Ils m’interrogent sur l’affaire Tiger. J’ai dit je n’en sais rien. Ils ont insisté. Actuellement mon portable …, ils ont tout fouillé sans rien voir…, je ne peux pas tout dire.
Alors ils ont commencé à me rouer de coups toujours menotté. Je leur demande de fouiller mon téléphone, j’étais interrogé entre deux scènes de torture.
Ils m’ont amené en cellule et de temps en temps ils me ramènent dans cette sale pour frapper et torturer afin que je dise quelque chose qui me culpabilise. Ils n’ont rien obtenu.
Pour dormir, ils me gardent toujours avec les mains menottées par derrière jusqu’au petit matin. Ils faisaient tout pour que j’invente quelque chose qui me compromette avant qu’ils arrêtent de me torturer. A un moment donné, ils m’ont proposé un deal, je devrais dire que…….
Avant moi, ils ont proposé ces deals à beaucoup d’autres amis d’infortune. Nous tous on est arrêté dans différentes circonstances, à différentes dates, souvent on ne se connait pas. Mais on se rejoint sur une chose, tout le monde a refusé ce qu’on lui propose de dire pour soi-disant avoir sa liberté ou obtenir tel ou tel avantage.
Ce refus unanime de ce qu’ils appellent eux-mêmes « collaboration », nous a coûté cher, certains en sont morts. Je résiste à leur proposition, pour me pousser à accepter dans les moments du deal, ils menottent ma main contre mon pieds avant que je dorme la nuit. (…) »
ALASSANI Moutala, qui fait partie de cette centaine de prisonniers politiques arbitrairement détenus dans l’Affaire Tigre-Révolution est actuellement détenu à l’ancienne Direction de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de l la BOAD où, enfermé dans une mini villa avec 72 autres détenus qui vivent continuellement dans le noir, sans avoir de contact avec l’espace extérieur et sans voir le soleil au quotidien, ils ne sont autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en cas de maladie pour être conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital.
Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 76 autres prisonniers politiques détenus dans cette affaire, ALASSANI Moutala doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.