56- AMIDOU Idrissou dit Kinaou
AMIDOU Idrissou, est un militaire retraité depuis 1996, âgé de 70 ans, demeurant à Agoè au quartier Climve, en face du terrain de football de l’Ecole privée La Source, arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution », le dimanche 15 décembre 2019.
Souffrant d’hypertension artérielle et de diabète, il venait d’achever, ce jour-là, la marche sportive quotidienne recommandée par son médecin traitant pour l’entretien de sa santé et s’est assis dans un bar du quartier situé au lieudit Carrefour Bleu pour se rafraîchir d’un coca-cola, aux environs de 20H 10mn.
Soudain, il voit surgir 4 agents en civil, solidement armés, qui se jettent brusquement sur lui en lui disant qu’il est en état d’arrestation. Puis, ils lui menottent les mains dans le dos avant de l’enlever et de le jeter dans une voiture blanche, sans numéro, à bord de laquelle ils le font balader par tous les coins et recoins de la ville de Lomé pour finalement arriver à la brigade du Camp GIPN d’Agoè-Logopé, dans la nuit tardive.
Une fois arrivés au Camp, ses ravisseurs l’extraient de la voiture et le menottent par un bras à la barre de sécurité en fer entouré de tuyau PVC d’une fenêtre en lames nacos située dans un couloir, puis ils abandonnent le vieil-homme dans cette affligeante position jusqu’au lendemain matin !
Au lever du jour, ce n’est que vers 9H qu’ils le démenottent pour le conduire dans un bureau où ils le soumettent à un interrogatoire serré au cours duquel on le questionne d’abord sur son identité avant de lui demander s’il connaît le dénommé Master Tiger, ce à quoi il répond : « Non ».
Il lui est ensuite demandé s’il était sorti la nuit du 23 novembre 2019, lors des événements survenus au niveau d’Agoè-échangeur, ce à quoi il répond également : « Non ».
On lui demande après de quelle ethnie il est et à quel parti politique il appartient, questions auxquelles il répond en faisant savoir qu’il est Tem-Kotocoli, originaire de Kparatao, et que son parti politique est le RPT-UNIR dont il a la carte de membre.
Puis on lui demande si c’est bien lui qui est l’escorte du Général Séyi MEMENE, ce à quoi il répond oui en précisant qu’il est toujours avec lui. A la question qui lui est encore posée de savoir s’il connait Atchadam (TIKPI), il répond sans hésiter : « Bien sûr ! ».
Après que cet interrogatoire se soit poursuivi pendant plus d’une heure de temps, il est ramené par ses tortionnaires dans le couloir d’où on l’a détaché et il est à nouveau menotté, toujours dans la même position debout et attaché aux barres de fer de la fenêtre. On le garde dans cette position pendant trois (3) jours sans le faire manger, ni boire, mais aussi sans lui permettre de donner de ses nouvelles à sa famille, laissée sans aucun message ou information sur sa situation.
Le mardi 17 décembre 2019, pris d’une envie d’uriner, il demande qu’on lui permette d’aller se soulager et, une fois démenotté pour prendre le pot qui lui est tendu pour pisser, il tombe au sol où il s’effondre, évanoui ! C’est alors que ses tortionnaires du Camp GIPN, pris de panique, appellent d’urgence la Direction de la police judiciaire (DPJ) pour qu’on l’y évacue.
Alors qu’il est toujours dans un état critique, il est rapidement transféré du Camp GIPN à la DPJ où, dès son arrivée, la commissaire de service lui fait administrer les premiers soins qui lui font reprendre conscience. Puis elle demande à avoir les contacts des membres de sa famille pour les informer qu’il est détenu à leur niveau.
C’est ainsi que sa famille, enfin rassurée mais toujours inquiète, lui apporte à manger ainsi que les médicaments prescrits pour le traitement de son hypertension et de son diabète. Après le départ des siens, il est enfermé au violon où les personnes interpellées sont gardées à vue à la DPJ.
Le jeudi 19 décembre, il est soumis à un nouvel interrogatoire, cette fois-ci, par un officier de la DPJ.
Huit jours après, le vendredi 27 décembre 2019, il est présenté à la Justice où, auditionné par le premier substitut du Procureur de la République, celui-ci lui demande s’il reconnait les faits qui lui sont reprochés, ce à quoi il répond clairement : « Non ! ». Mais, cela ne l’empêche pas de le déférer à la Prison civile de Lomé où il est placé sous mandat de dépôt vers 22H, après une longue audition.
Après quelques mois passés dans cette Prison, on le transfère à l’ancienne Direction de la Gendarmerie nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD où, enfermé dans une mini villa avec 72 autres détenus qui vivent continuellement dans le noir, sans avoir de contact avec l’espace extérieur et sans voir le soleil au quotidien, ils ne sont autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en cas de maladie pour être conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital.
Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention arbitraires pour le seul tort d’être un proche du Général Séyi MEMENE, qui était pourtant une personnalité du régime RPT-UNIR, depuis lors décédé, et d’Atchadam TIKPI, AMIDOU Idrissou doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.