14 – DOUMASSI Yao
Né le 22 septembre 1994 à Togblécopé, dans les environs de Lomé, célibataire sans enfant et maçon de métier, DOUMASSI Yao exerce aussi le métier de conducteur de taxi-moto (zémidjan) pour boucler ses maigres journées afin d’avoir de quoi se nourrir lorsqu’il n’a pas trouvé de quoi s’occuper par l’exercice de sa profession originelle de maçon.
C’est le 28 novembre 2019 que, vers 22H, il a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » lorsque, exerçant son petit métier de conducteur de taxi-moto (zed-man), il conduisait un client vers le quartier surnommé « Petit-Paris » quand, soudain, il tombe sur des membres des forces de l’ordre qu’il identifie à des militaires, lesquels se dressent devant lui et lui demandent de descendre de sa moto.
Puis, ils lui posent cette question : « Est-ce que toi, tu sors pour les manifestations? » Ce à quoi il leur répond : « Non ! ».
Après cela, ils lui demandent de se coucher par terre et, après qu’il se soit plié à cet ordre, ils commencent à le frapper en lui demandant de leur dire la vérité, bien que sa réponse soit toujours restée la même : « Je ne sais rien de la politique, je ne fais que le zémidjan avec ma moto ».
La seconde question qu’ils lui posent est celle-ci : « Où se trouvent vos armes ? » Étonné, il leur répond : « Je ne suis pas criminel, ni un ancien gendarme donc la question que vous me posez-là, c’est du bleu pour moi ». Cette réponse déchaîne sur lui une telle rage de bastonnade des militaires que ceux-ci le frappent jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Ce n’est que tard dans la nuit profonde qu’il se réveille pour constater qu’on l’a emmené au Commissariat d’Agoè avec ma moto. Le lendemain, il est transféré au Camp GP d’Agoè-Logopé.
Pendant les 6 jours qu’il passe au Camp GP, les questions qu’on n’a cessé de lui poser sont les mêmes que les gendarmes lui avaient posées et, lorsqu’il donne les mêmes réponses en disant qu’il ne sait rien de tout ça, on le gifle, le frappe en lui donnant des coups de bâtons sur le plat des pieds, puis des coups des cordelettes s’ensuivent. Après quoi, on le ramène dans sa cellule où on le maintient toujours constamment menotté, même dans son sommeil.
Il ne mangeait qu’une seule fois par jour, par propres moyens, ce qui fait que s’étant rapidement trouvé démuni, ce sont ses codétenus qui lui donnent de quoi se nourrir lorsqu’ils s’achètent à manger. Il n’est pas autorisé à recevoir de visite. Quant à son hygiène corporelle, il n’est pas autorisé à se doucher et n’a pas de quoi se brosser les dents.
Et lorsqu’il éprouve l’envie d’aller faire faire ses besoins naturels, ce n’est souvent même pas la peine de le demander car c’est difficilement qu’on daigne lui accorder l’occasion de se satisfaire.
La veille du jour où il a été déféré en prison, il a été présenté avec ses codétenus de l’Affaire Tigre Révolution à la presse nationale et internationale et, à leur arrivée sur place, ce sont des trucs bizarres qu’on a présentés devant eux sans qu’ils ne sachent même pas d’où tout cela a été pris pour qu’on le leur colle au dos. A la fin de cette présentation à la presse, ils ont à nouveau été ramenés au Camp GP parce que l’artiste Prince Fadel a refusé de collaborer à leur sale projet en ouvrant à cette occasion les yeux au monde entier sur le fait que tout ce qui leur a été collé n’était qu’un montage.
Ce n’est que le lendemain, 6 décembre 2019, qu’ils ont été présentés au Procureur de la République et ensuite conduits chez le juge d’instruction. Lorsque ce dernier demande à DOUMASSI Yao s’il reconnait les faits qui lui sont reprochés, il lui répond qu’il est innocent de tout ce qu’on lui reproche et ne reconnais donc absolument pas ces faits.
Le juge décide pourtant de le mettre sous mandat de dépôt à la Prison civile de Lomé où, après 8 mois de détention, il est transféré à l’ancienne Direction de la Gendarmerie Nationale togolaise, en face de la BIDC et de la BOAD où il est actuellement détenu.
Enfermé dans une mini villa avec 72 autres détenus qui vivent continuellement dans le noir, sans voir le soleil au quotidien, ils ne sont autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en cas de maladie pour être conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital. Détenu depuis bientôt 2 ans sans jugement ni visite de sa famille, DOUMASSI Yao souffre de maux d’yeux et de fortes douleurs dans tout le corps qui ne sont que des conséquences des tortures et mauvais traitements qu’il a subis depuis son arrestation et tout au long de sa détention.
Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention comme les 76 autres prisonniers politiques de l’Affaire « Tigre Révolution », DOUMASSI Yao doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais.