36- SALIFOU Moustapha
Né le 9 juillet 1979 à Blitta, soudeur de profession, père de 4 enfants, SALIFOU Moustapha a été arbitrairement arrêté dans l’Affaire « Tigre Révolution » le 28 novembre 2019.
C’est à son domicile de Ségbé-Adidogomé que, juste après la prière musulmane de 19H, il se fait arrêter et enlever par 18 agents de la force publique dont certains sont en civil et d’autres en tenue noire qui le jettent dans leur véhicule puis prennent la direction du Commissariat du 9e arrondissement d’Adidogomé.
Arrivés sur place, ils commencent à le bastonner, lui demandant de quel bord politique il est. Il leur répond qu’il est simplement un citoyen togolais.
A la question suivante qui cherche à savoir s’il est sorti ou pas pour la marche de la nuit du 22 au 23 novembre 2019, il répond non. Une réponse qui les met tellement en colère qu’à sa suite, ils n’ont pas cessé de le tabasser.
Juste après cette séance de tabassage, il est mis dans un convoi qui prend la direction du Camp GIPN d’Agoè-Logopé où, dès l’arrivée sur place, les mêmes questions reprennent avec, de sa part, les mêmes réponses disant qu’il est innocent. Le passage à tabac qui lui a été antérieurement infligé au commissariat du 9e arrondissement évolue alors pour devenir une véritable séance de tortures avec des coups le frappant sur tout le corps et sur les plantes du pied (plats du pied) avec des machettes, cordelettes et autres manches de houe.
Au bout de 4 jours de ce traitement par tortures quotidiennement renouvelées au Camps GIPN, il craque finalement et se voit obligé de dire qu’il est sorti pour prendre part à la manifestation à laquelle on l’accuse à tort d’avoir participé, ceci, pour avoir la paix et qu’on cesse au moins de le torturer.
Il est à préciser que ses deux téléphones portables personnels lui ont été retirés ainsi qu’un autre petit portable qui, appartenant à sa femme, lui a aussi été retiré, sans oublier ses propres carte d’identité, passeport et permis de conduire, tous saisis.
Pendant les 7 jours qu’il passe entre les mains des agents du Camp GIPN d’Agoè-Logopé, il n’est pas autorisé à recevoir de visite de sa famille et ne mangeait qu’une seule fois par jour et avec ses propres moyens. On ne lui permettait pas de se doucher ni de se brosser les dents, l’obligeant ainsi à subir les affres d’une autre vie, extraordinairement pénible, dont il n’a jamais vécu l’expérience jusqu’alors de toute sa vie.
Un matin, le commandant le fait extraire du Camp pour qu’avec d’autres codétenus, ils soient présentés à la presse nationale et internationale devant laquelle on l’a obligé à dire qu’effectivement, la manifestation à laquelle on l’accuse faussement d’avoir participé, a eu lieu et, bien malgré lui, il a accepté de dire ce qu’on lui a dicté. Pire encore, comme on peut le voir sur la vidéo prise à cette occasion et postée sur YouTube, on lui a fait porter un habit avec des grigris qui ne lui appartient pas.
Lors de cette présentation, parce que l’artiste engagé Prince Fadel a refusé de collaborer à ce grossier montage en le cautionnant devant la presse, à leur retour au Camp GIPN, ce sont bien d’autres punitions avec menaces de mort et d’emprisonnement qu’ils ont à nouveau eu à subir.
C’est le 5 décembre 2019, lendemain de cet échec de leurs tortionnaires, qu’avec ses autres codétenus, ils ont d’abord été conduits à la Sûreté, Direction de la Police Nationale, pour que leurs empreintes digitales et photos soient prises au service d’identification judiciaire. Puis, ils ont ensuite été présentés au Procureur de la République qui, après que SALIFOU Moustapha lui ait montré les traces de torture sur son corps, lui a demandé s’il peut le faire conduire à l’hôpital.
Frustré et choqué par cette question, il refuse de répondre positivement à la proposition déplacée qui lui est ainsi faite et on le conduit chez le Doyen des juges d’instruction qui décide de le placer sous mandat de dépôt à la Prison civile de Lomé dans la nuit du 5 au 6 décembre 2019, au motif que sa détention est nécessaire à la poursuite des enquêtes.
Après 7 mois passés dans cette prison, il est transféré à l’ancienne Direction de la Gendarmerie nationale en face de la BIDC et de la BOAD. Là, enfermé dans une mini villa avec 72 autres détenus qui vivent continuellement dans le noir, sans avoir de contact avec l’espace extérieur et sans voir le soleil au quotidien, ils ne sont autorisés à sortir dans la cour de la maison qu’en cas de maladie pour être conduits à l’infirmerie ou à l’Hôpital et ne sont pas autorisés non plus à recevoir de visite de leur famille.
Arbitrairement détenu depuis bientôt 2 ans SALIFOU Moustapha souffre de maux d’yeux et de douleurs dans tout le corps consécutives aux mauvais traitements qu’il a subis.
Parce qu’il a subi des traitements cruels, inhumains et dégradants tout au long de son arrestation et de sa détention qui l’ont rendu malade, comme les 76 autres prisonniers politiques détenus dans cette affaire, SALIFOU Moustapha doit être libéré immédiatement et sans condition comme le prescrivent le Code pénal togolais et les instruments internationaux ratifiés par l’Etat togolais, cela, d’autant plus qu’il a besoin d’aller se faire soigner hors du milieu carcéral.